Le Système du SILURIEN
(-443,4 ±1,5 à -419,2 ±3,2 millions d'années)
La chronostratigraphie du Silurien inférieur revisitée!
Les concepts et théories expliquant, décrivant, analysant et décomposant le Monde et la Nature qui nous entourent, nous englobent et nous définissent, n’existent et continuent d’exister que parce que personne n’est en mesure de prouver le contraire. C’est l’entière totalité des domaines scientifiques qui sont ainsi soumis à ce régime. Les sciences de la Terre n’échappent évidemment pas à cette démarche.
Étant donné que notre planète Terre sur laquelle se déploie actuellement les formes de vies modernes serait âgée, jusqu’à preuve du contraire, de plus de 4,568 milliards d’années et que puisque notre planète, tel un être humain, a traversée, tout au long de son existence, à travers de plusieurs étapes, il est donc possible de diviser le temps d’existence de la Terre en « blocs » temporels. Afin de pouvoir mieux comprendre et étudier de façon plus efficace la dynamique du système terrestre ainsi que les processus qui l’animent, ces blocs temporels ont été catégorisés selon l’ampleur des changements qu’ils représentent et représentent dans les faits des unités des mesures du temps. Prenons par exemple les plus grandes de ces étapes, les Éons, qui représentent, en ordre chronologique, l’agglomération de la matière, la planète qui devient habitable, l’air qui devient respirable et enfin, l’Éon dans lequel nous nous retrouvons actuellement, soit la colonisation biologique de la Terre. Par la suite, ces Éons sont à leur tour divisés en d’autres grandes étapes : les Ères. C’est ainsi que l’on en arrive à des étapes de plus en plus petites qui se trouvent toutes à être principalement divisé du fait des changements dans la biodiversité. Ainsi, l’apparition d’une espèce-clé, c’est-à-dire une espèce qui occupe un rôle et des fonctions essentiels ou bien une espèce marquante au niveau de l’évolution de la vie, aussi bien que sa disparition, combinée ou non à une extinction considérée comme étant majeure, exprime la séparation entre deux étapes. Mentionnons que ce sont les grandes catastrophes naturelles ainsi que les phénomènes d’occurrence normale qui sont responsables des différentes extinctions massives de biodiversité. Ceux-ci étant, entre autres, le super volcanisme, la tectonique des plaques, les glaciations ou encore la chute de météorites. À chacun de ces paliers temporels peut y correspondre un endroit précis de la planète -ce que l’on définit comme étant un stratotype- où il est possible d’isoler une section stratigraphique, qui, de par ces propriétés et sa composition, se distingue parfaitement de d’autres endroits. Ainsi, on se trouve être en mesure de mettre son doigt sur justement ce qui représente l’endroit précis d’une division entre deux étapes. Il est possible de qualifier ces stratotypes par le terme suivant : Points et Sections des frontières des Stratotypes Globaux (GSSP).
Le fait de retrouver une couche stratigraphique, où le terme stratigraphie se réfère au passage du temps, de telle ou telle épaisseur et de telle ou telle composition est ce que l’on appelle de la chronostratigraphie. Le fait de poser une période de temps, en année par exemple, pour la formation d’une couche stratigraphique composé de tels ou tels éléments minéralogiques ou de tels ou tels fossiles, qui représentent en fait la biodiversité d’une étape de la Terre donnée, est ce que l’on définit comme étant du domaine de la géochronologie.
Ceci étant dit, en ne prenant que le Silurien, soit un système du point de vue stratigraphique, ou bien une époque du point de vue géochronologique, nous avons un « bloc » temporel de 24,2 millions d’années s’étant déployé de -443,4 à -419,2 millions d’années qui se trouve à être séparé en 4 séries où trois de ces dernières sont par la suite subdivisées en 7 étages. C’est donc dire que le système du Silurien est subdivisé en 8 unités stratigraphiques. La science de la stratigraphie est une science qui intègre une multitude de grands domaines scientifiques, dont la géologie et la paléontologie, et se veut donc de ce fait être représentatrice d’une multidisciplinarité où le consensus scientifique est de mise au moment d’établir les divisions dans le passage du temps de notre planète. L’entité responsable d’homologuer et de ratifier la chronostratigraphie ainsi que la géochronologie terrestre est la Commission internationale de Stratigraphie, plus connue sous son appellation anglaise, soit l’Internationale Commission on Stratigraphy (ICS). De cette commission résulte une sous-commission ne s’intéressant qu’au système du Silurien. Cette sous-commission, formée d’une équipe multidisciplinaire, dû mettre plus de 8 ans de discussions scientifiquement constructives afin d’en arriver, en 1984, à un consensus qui permit d’établir les 8 sous-divisions du Silurien ainsi que les stratotypes s’y rattachant. Mais voilà qu’en octobre 2012 paraît un article de Jeremy R. Davies et de ses collaborateurs remettant en question les emplacements exacts des trois étages du Silurien inférieur, c’est-à-dire la partie du Silurien la plus ancienne. Après plusieurs études portant sur la nature de la composition des différentes strates en principes représentatives de ce « bloc » temporel, voilà que rien n’est plus à l’épreuve de la rigueur scientifique et que par conséquent, c’est tout le Silurien, voire toute la chronostartigraphie terrestre, qui est remise en question. Voilà ce qu'est de la science en action!
Bibliographie-Références
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